Notre vie peut elle être pré-programmée contre notre gré ? Ou sommes nous condamnés à la perpétuelle tourmente où l'on se retrouve un jour à se demander où sera t-on demain ?
Dans une nouvelle vie où destinée et
ambitions se mêlent et là où les programmes (parlons des
programmes bien établis, prévus, solides et tout adjectif relatif à
la certitude) sont souvent au rendez-vous, on a l'étrange impression
que rien ne peut nous arriver. Que nous sommes dans cette bulle
inatteignable, cette atmosphère qui nous est si propre, ce genre de
bulle où jusque là, notre vie était réglée tel du papier
musique.
C'était en effet ça, j'étais jusque
là. Jusqu'à cet instant, il y a quelques mois où ce sombre
questionnement commençait : Où serais-je dans un an et demi ?
Ce type de réflexion ne m'était
jamais arrivé auparavant (déception?). Peut être parce que faire
des plans sur la comète bien trop à l'avance était une de mes
principales caractéristiques. Que ce pseudo de « programmatrice
ambitieuse » me suivait à la trace, qu'il en devenait presque
un défaut.
A trop vouloir effacer cette étiquette
malgré ma nature, j'en suis arrivée au jour (ce fameux jour d'il y
quelques mois, vous me suivez?) où, je me suis demandé :
Notre vie peut elle être
pré-programmée contre notre gré ? Ou sommes nous condamnés à
la perpétuelle tourmente où l'on se retrouve un jour à se demander
où sera t-on demain ?
Parce que, clairement, il est là le
problème. En tous cas, aujourd'hui. Et ce problème m'effraie. Cette
vieille amie la phobie qui refait surface. Aussi surprenant que cela
puisse paraître, ce n'est pas le raz de marée de serpents ou
d'araignées qui ce jour me fait fuir, mais cette question. Et juste
cette question. Comme ce cookie distribué au moment du café dans
les restaurants chinois. On le voit, on le déguste à l'avance avec
les papilles qu i frétillent.. On attend sagement avant de
l’effriter en redoutant ce moment crucial de réponse, « la »
réponse donnée par le petit papier mystère enroulé sur lui même.
Certaines personnes en riront, d'autres y croiront. Mais la
possibilité que ce petit message anodin vous apporte quelque chose
existe malgré tout, et je pense que c'est ce qui représente au
mieux la magie de l'attente et du doute. Mais admettez que cela reste
quand même frustrant, et terriblement angoissant.
Les amis me disent qu'il est bien trop
tôt pour se projeter si loin. D'autres rétorquent en disant que je
trouverai bien quelque chose …
Avoir l'impression qu'un vide va se
créer entre la fin de mes projets et mes futurs projets, et ne pas
arriver à dessiner le trait d'union de ces deux forces. On dirait
presque que le seul échappatoire à ce trou insoupçonné (oui,
insoupçonné soit il, jamais personne ne m'aurait un jour dit que je
me retrouverai dans une telle situation de non connaissance d'avenir.
Ou, je lui aurai volontiers jeté la première pierre!) serait de
fuir. Mais attention, fuir relativement loin. La proximité n'étant,
selon moi, pas une solution.
La solution se doit d'être réparatrice
et salvatrice ! Reste à savoir maintenant où m'exiler.
J'en viens au fait qu'il faille savoir
s'échapper facilement, sans pour autant avoir à gêner les projets
à venir même s'ils n'arrivent pas immédiatement. Ou même gêner
les autres.
J'ai donc choisi l'écriture pour m'y
perdre (comme ci je ne l'étais pas déjà suffisamment!) et
m'offrir le bénéfice du doute et de la réflexion. Parce que
finalement, c'est en écrivant sur ce que l'on ressent et ce que l'on
désire que l'on y puise les meilleures illuminations. Tout une
histoire de paradoxes ...